Venise la Magnifique
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 Ogni giorno una conquista [libre]

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Andrei Di Scipio
- Falling Rose -
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Andrei Di Scipio

Messages : 61


Ogni giorno una conquista [libre] Vide
MessageSujet: Ogni giorno una conquista [libre]   Ogni giorno una conquista [libre] EmptySam 20 Fév - 2:22

Les oiseaux s’envolèrent dans un amas de plumes sur son passage, dérangeant l’ordre paisible qui s’était installé sur la grande place. Quelques personnes dévisagèrent ce jeune homme à l’aspect agréable qui avançait d’un pas rageur, descendant les marches abruptes du Palais des Doges. Andrei fulminait. Encore une fois il était allé s’enquérir d’éventuelles nouvelles, et encore une fois il s’était fait « diplomatiquement » jeter, sous prétexte qu’il était difficile d’accéder à ce genre d’informations sur la Sublime Porte. Voila ce que c’était que d’avoir de l’espoir. Il traversa la place en ruminant ses pensées, sans prendre garde aux rares rayons de soleil sur sa nuque, ni au maelström de senteurs qui englobait la ville contrairement à son habitude. De l’ambre de la foule qui se faisait de plus en plus dense au fur et à mesure qu’il cheminait vers les rues commerçantes, au musc lourd et plombant de certains bourgeois, en passant par le parfum des pierres chaudes des bâtiments au contact des eaux saumâtres des canaux ou aux vapeurs écoeurantes se dégageant des ruelles peu fréquentables bordant sa route. Seules quelques notes, épicées et capiteuses, attirèrent finalement son attention.

Des taches colorées s’étalaient sans distinction au milieu d’étoffes de tissus sur la toile d’un étal. Fasciné comme un oiseau par un objet brillant, Andrei regarda les longs bâtonnets bigarrés, sentit ces fragrances inédites. Encenso oui, mais de l’encens comme il n’en connaissait pas encore. Ce n’était pas cette chose obsédante et puissante qui emplissait les églises, mais une odeur plus…sophistiquée. Paaarfait. Quelques monceaux de myrrhe en plus de ça, le tout séparé dans une besace et l’affaire était pliée. Comme d’une symphonie, les notes de parfum valsaient pour lui dans son esprit, s’organisaient sagement : les unes se superposant aux autres, s’additionnant, s’annihilant à son gré. Déjà le jeune homme savait comment son prochain parfum devrait être. Boisé, avec une note de cœur rendue sensuelle par la myrrhe et un fond d’armoise et de ciguë. Oui, ça, ça serait pas mal, pas mal du tout. Le jeune Di Scipio marchait tout en y réfléchissant, sans vraiment faire attention à l’endroit où le menaient ses pas. Certes, il avait toujours eu un sens de l’orientation douteux. Voire carrément défectueux. Mais Andrei compensait avec ses sens olfactif pour le guider, trouvant sans mal son chemin grâce aux pistes qu’il suivait avec plus de facilité encore qu’un limier. Le seul léger problème ici, c’est que lesdites facultés olfactive exceptionnelles avaient été mobilisées pour la création mentale d’un parfum. Et de fait, n’avaient pas franchement suivi une quelconque odeur reconnaissable pendant sa marche. Donc au final, le jeune homme était…perdu.

Situation assez délicate et un peu étrange pour lui qui avait quand même toujours vécu au sein de la Sérénissime. Certes il sortait peu, le strict minimum vital en général, mais c’était surtout son aptitude à se fier aux odeurs qui lui faisait défaut. Andrei soupira. Tenta de procéder avec méthode. Il était à proximité d’un canal, comme sur la plupart du trajet qu’il faisait d’habitude pour rentrer jusqu’au palais Contarini dei Scrigni qu’il occupait depuis que sa famille avait prit la place des Contarini au sein de la noblesse vénitienne. Endroit où il vivait maintenant seul. Bon, mais en fait, il lui faudrait ne serait ce que savoir où est le palais des Doges qu’il avait quitté il y a peu, et Andrei pourrait se situer facilement ensuite. Mais là, dans cette rue animée, un peu trop presque, il ne savait pas à quel saint se vouer. Les senteurs lui sautaient au visage, plus agressives et plus sauvages que celles qui bordaient son trajet habituel, lui montant à la tête aussi facilement que de l’opium. Les gens passaient autour de lui sans le voir, insouciants, s’interpellant, les marchands invectivaient les passants, certains nobliaux de bas étages se faisaient ouvrir la voie par des crieurs et en soudoyant une milice brutale. Et par-dessus tout ça, ce monde qui semblait résonner à en déchirer ses tympans, le parfum de l’encens mêlé à la myrrhe puissante qui exhalait à travers le tissu de sa besace. Rendant encore plus difficile un éventuel repérage olfactif. Il y avait deux solutions. Ou il en trouvait une autre, ou il balançait maintenant le sac dans la foule histoire 1) d’assommer une personne avec un peu de chance, 2) de se débarrasser de ces arômes trop lourds, quitte à avoir dépensé de l’argent pour rien. Planté là, respirant par saccades, au milieu des gens en mouvement, Andrei crut voir le monde tourner autour de lui, les couleurs, les formes se fondant autour de lui en une gerbe d’étincelles vacillantes. Avant la nuit. Non non non, il n’allait pas s’évanouir en pleine rue, il était Andrei Di Scipio.
Ca avait beau ne rien changer, ça lui permit un regain d’activité cérébrale. Le jeune homme devait d’abord, et ce, de façon urgente, s’extraire de la foule. Ca, c’était le premier point.

Un léger souffle de vent lui parvint, faisant tinter un panneau de bois sur le mur crasseux d’une boutique. Oasis inespérée, par là, il semblait y avoir moins de monde. Andrei joua des coudes, foudroyant deux trois passants de son regard bleu céleste lorsque ceux-ci se retournèrent vers lui pour protester. Ils se heurtèrent à un mur de glace. Puis enfin, il l’atteignit, cette échoppe. Et il comprit pourquoi peu de gens s’y attardaient : c’était un spécialiste de l’alchimie qui l’avait montée. Andrei était déjà venu ici, il s’en rappelait. Mais…il savait aussi pourquoi il n’y était pas revenu : il avait jugé l’endroit trop éloigné de sa demeure et les routes qui y allaient trop « délicates » pour que ça en vaille la peine. Ô Joie. Andrei s’était encore plus perdu. Soudain, il sentit un souffle près de lui, très très près de lui. Beaucoup trop à son goût. Or donc, il était perdu, mais qui plus est, même pas tranquille. Voila que maintenant, il faisait ce qui d’après lui, pouvait rentrer dans la catégorie « mauvaise rencontre ». Une autre bonne nouvelle ?

Le jeune Di Scipio ne détourna pas le regard, fixant un point imprécis dans la foule qui s’étendait à présent devant lui, dos au magasin avec une nonchalance affectée. Se disant qu’éventuellement, s’il ne le regardait pas, celui qui se tenait à côté de lui allait se lasser, partir, enfin quelque chose quoi. C’était la seule solution que pouvait avoir le jeune éphèbe, puisque, connaissant sa force dérisoire et ses techniques de défense…plus que risibles, il ne pouvait compter sur le fait de menacer. Avec sa carrure trop fine, il risquait, au mieux, de faire rire l’impudent. Au pire…Bref.
Et c’est ainsi qu’Andrei choisit de s’abîmer dans la contemplation des passants.
Comme s’il n’avait que ça à faire à cet instant.
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