On dit souvent que la nuit, tous les chats sont gris. Quand l’obscurité tombe et que les ombres deviennent maitresse des rues, camouflant aux yeux des curieux ce qui se passait dans les recoins…
La nuit, seul moment de la journée ou les pires complots pouvaient être accomplis sans avoir à craindre le regard des autres.
Ce soir ne faisait pas exception, alors que dans le plus grand secret et dans la nuit, des ombres silencieuses émergeaient une à une des rues pour se réunir près du Palais Botelli. Car ce soir, se jouerait dans cette ville le plus grand spectacle que cette ville ait connu. Ce soir, les loups reprendraient ce qui leur appartenait de droit. Ce soir, ils défieraient une bonne fois pour toute le Démon Botelli et libéreraient leurs princes retenus captifs depuis bien trop longtemps. Ce soir, ils affligeront au Prince démoniaque la plus cuisante et humiliante des défaites.
Antonio leva les yeux vers l’astre lunaire déjà bien haut dans le ciel et tout en rondeur alors qu’un fugace sourire étirait ses lèvres. La pleine lune leur donnait un avantage non négligeable, une force brute qui leur serait nécessaire pour contrer tous les obstacles qui se dresseront sur leur route.
Il savait que ce soir, beaucoup des leurs ne ressortiraient pas indemne de ce palais. Il savait que ce soir, il perdrait bon nombre de ses frères, mais ils y gagneraient deux Princes et le moyen de tenir là une revanche qui planait sur eux depuis des années.
Ses yeux marron balayèrent la cour déserte du palais. A cette heure tardive de la nuit, la garde était peu à peu devenue moins vigilante et avaient donc cessaient de faire des rondes dans certains coin du palais… exactement comme ici… cet endroit du jardin assez éloigné de la grande bâtisse mais assez proche de la porte des coursives où ils pourraient aisément pénétrer.
Brièvement, son regard dériva vers la petite silhouette qui se tenait près de lui, le corps tendu et légèrement tremblant d’appréhension. La présence d’Aza n’était toléré que par peu des loups ici présent, mais ils n’avaient pu que s’incliner devant le don du démon qui leur avait permit de trouver cette faille dans la muraille, et qui les guideraient vers leurs Princes aussi facilement que s’ils avaient une carte entre les mains.
Il n’était pas ignorant des regards menaçants et méfiants dont le jeune démon était victime, mais l’heure n’était pas aux règlements de compte. Le moment était trop important pour que l’attention du lycan soit détournée par quelques dissensions dans les rangs. Aussi, il se força à quitter son compagnon du regard pour se focaliser à nouveau sur leur but, et fit alors un léger signe au loup qui était à sa gauche, donnant par ce fait le signal du départ.
Un à un, les loups se laissèrent alors agilement et silencieusement tombé au sol avant de se mettre à courir vers la petite porte dérobée qui leur donnerait accès à l’intérieur du palais. Ombre parmi les ombres, ils atteignirent cette dernière sans aucun problème.
« - Vous savez ce qu’ils vous restent à faire. » Souffla-t-il à ses coéquipiers en tant que dernières directives avant que uns à uns, ils ne se séparent.
Antonio était bien conscient que s’ils faisaient tête baissée en petit groupe d’une dizaine droit vers la cellule de leur Prince, ils se feraient à coup sûr prendre à cause de leur manque de discrétion. C’est pour cela qu’ils se séparaient, chacun des loups ayant pour mission d’errer le plus discrètement possible dans le palais et d’éliminer le plus de garde possible. Et si jamais les choses devaient mal tourner, alors ils devaient tous faire pour détourner l’attention de leurs ennemis et permettre à Antonio, Shankar et Aza d’atteindre sans risque leurs Princes et de les faire ressortir du palais.
Une fois qu’ils ne furent plus que trois dans le couloir, Antonio échangea un regard avec Shankar avant de se tourner vers Aza.
« - C’est quand tu veux. » A eux trois, ils seraient plus apte à atteindre la cellule sans heurt, espérant qu’ils ne réveilleraient pas trop la vigilance du Prince à cause d’un geste de trop.
Leur aventure était plus que périlleuse, mais pourtant, l’adrénaline et l’excitation parcourant les veines d’Antonio. Après ce soir-là, les choses ne seraient plus jamais comme avant à Venise. Après ce soir-là, les lycans retrouveraient enfin leur position dans cette guerre des races. Ce soir, ils montreraient à Botelli l’erreur qu’il avait faite de ne pas avoir continué l’œuvre de son père et de ne pas avoir éradiqué les derniers membres de la meute Elviro.
Retenant un grognement excité, Antonio se jeta alors derrières les traces d’Aza, suivit de près également par Shankar alors que petit à petit, ils se rapprochaient inexorablement de leurs Princes, les épées prêtes à être utilisées pour éradiquer le moindre garde sur leur chemin.